Urgence Energie : De l’audit de consommation aux économies concrètes

« La consommation d’énergie d’origine fossile est la 1ère source d’émissions de gaz à effet de serre. S’orienter vers une trajectoire de transition, c’est à terme réduire son impact, faire des économies et accroître sa propre souveraineté énergétique » a exposé Catherine Lange Juste, membre associée de la CCIAMP. Les échanges se sont prolongés par une rencontre entre offreurs et demandeurs de solutions…

« Un entrepreneur du futur, c’est un entrepreneur de maintenant qui prépare demain » pour Sylvie Bonello, déléguée générale de la Fondation MMA Entreprises du futur, partenaire de cette 2ème édition. Dans la salle, plus d’une centaine de représentants d’entreprises et de collectivités veulent mieux comprendre les modalités de leur nécessaire transition énergétique. Pour lancer les débats, l’animatrice Claire Baigneau de l’Association Technique Energie Environnement (ATEE) évoque les impacts dramatiques du réchauffement climatique sur les insectes, mammifères sauvages et arbres et insiste sur « l’urgence de passer à l’action ».

« Pour atteindre la neutralité carbone à 2050, il va y avoir du boulot. Entre 1990 et 2022, la part d’énergies carbonées (pétrole, gaz, charbon) est seulement tombée dans le monde de 85 à 80% pendant que la consommation énergétique doublait » alerte Jérôme Teissier, président de l’Institut de la Transformation Climat. En France, c’est encore 49%. Il y voit, pour les industriels, « une opportunité de trouver des leviers » de sobriété et d’efficacité énergétique, de digitalisation, d’économie circulaire, d’électrification de process…

La DREETS en mentionne d’autres comme l’hydrogène bas carbone, la capture et le stockage de gaz ou la constitution de communautés d’énergies renouvelables. Responsable du dossier pour ce service de l’Etat, Younes Rifad, invite à s’impliquer sans tarder au risque de fragiliser son entreprise : par exemple, le verdissement progressif des commandes publiques privilégie les plus vertueuses. 

Analyser pour mieux cibler

Comment en tirer parti dans un contexte réglementaire toujours plus exigeant (en 2023, lois d’accélération des énergies renouvelables, Industrie Verte…) ? Maxime Develay-Morice de l'ADEME PACA invite d’abord à explorer les dispositifs et soutiens existants pour structurer son parcours de décarbonation. « C’est une étape difficile, mais mieux vaut ne pas faire l’autruche et prendre le sujet à bras le corps » dit-il. La plateforme web https://agirpourlatransition.ademe.fr/ inventorie les ressources disponibles.

Pour Marion Deniellou du cabinet de conseil ABF, les outils régionaux, nationaux et européens sont multiples et les subventions possibles sous réserve de disposer de fonds propres suffisants. « La base, c’est l’audit pour savoir exactement où en est l’entreprise » glisse-t-elle. Cet audit permet d’évaluer réellement son besoin (modernisation de site, optimisation de process, installation de panneaux solaires…) en vue d’établir une stratégie de transformation avec des objectifs précis et les moyens à mobiliser.

En amont de ses outils de financement, le Crédit Agricole Alpes-Provence a développé une approche de banquier investisseur conseil susceptible d’éclairer les étapes, ciblées sur un « projet vert » ou la trajectoire globale de l’entreprise. « Le profil idéal, c’est l’entrepreneur qui en a pris conscience et a envie d’y aller » explique Jérôme Vuillemot, son directeur des transitions. 

Partager et s’inspirer des expériences

L’audit effectué et la feuille de route éclaircie, Audric Lagriffoul (ATEE) conseille de former des référents en interne pour imprégner ses équipes des changements de pratiques à adopter et de pérenniser la mutation par la quête d’une certification Iso 50001 de management de l’énergie. Pour Thomas Garcia de Garcia Ingénierie à Marseille, il importe par ailleurs de s’assurer que les travaux d’efficacité énergétique menés engendrent les performances attendues. Le bureau d’études va jusqu’à concevoir le jumeau numérique d’un bâtiment afin de simuler toutes les améliorations dont il peut bénéficier.

Pour Catherine Lange Juste, les expériences valorisées par Urgence Energie doivent servir de source d’inspiration. Aroma Zone est en ce sens exemplaire. Elle a fait appel aux diagnostics « Eco Flux » et « Décarbon’action » de Bpifrance, à « l’Accélérateur Décarbonation », à la démarche « Act » de l’ADEME, pour réduire ses émissions avec, déjà, des progrès effectifs. « Il faut prendre le temps de se projeter au moins à moyen terme » suggère Laurent Lucasson, son directeur des opérations.

La CCIAMP y aide, souligne Marie-Laure Pluvy, conseillère entreprise en transition écologique, en évoquant les parcours de sensibilisation, les programmes « Baisse les Watts » pour les TPE/PME hors industrie et « Life » de la Commission européenne pour l’industrie manufacturière. Elle les perçoit comme « un premier jalon pour dégrossir le sujet et construire des plans d’action à court, moyen et long terme ». 

Explorer la diversité des solutions individuelles ou collectives

« Pour chaque marché, il existe une solution adaptée. A partir d’une analyse de consommation, on peut dimensionner au mieux le projet et les solutions d’autoconsommation » assure Pierre Schmitt (EDF Renouvelables).

Au nom de CVE, producteur indépendant d’énergies renouvelables, Mathilde Cerdan entend également accompagner les entreprises dans la pluralité de leurs enjeux et leurs priorités de sobriété, électrification et décarbonation avec des énergies comme le solaire, le biogaz ou l’hydrogène. A ses yeux, les énergies renouvelables ont le mérite d’une « stabilisation des prix sur le long terme ». Ingénieur commercial Europe d’Enogia, Guillaume Arnaud pointe pour sa part l’attrait de la récupération de la chaleur fatale dans des procédés de production industriels. « La valoriser génère 10 à 15% d’économies sur la consommation d’énergie primaire et des émissions de CO2 limitées ».

Responsable du pôle Transition énergétique de Vitrolles, Juan Arias explore l’utilité des « communautés d’énergie citoyennes ». « L’idée est de consommer l’électricité de la façon la plus locale possible avec des prix attractifs et stables dans le temps » dit-il. La solarisation de bâtiments municipaux, tertiaires et résidentiels vise à produire l’équivalent de la consommation de 2 000 ménages sur la commune. Un autre projet est à l’étude pour l’horizon 2026-2029 : la création d’un réseau de chaleur à partir de la géothermie profonde (1 700 mètres).

Le parc d’activités de Gémenos (80 hectares, 301 entreprises, 4 592 salariés) mise lui aussi sur l’implication collective « pour produire et consommer une énergie propre en cycle court et réduire l’impact carbone des entreprises ». La société SerenySun lui apporte son expertise technique sur ce projet qui doit réunir des entreprises productrices d’énergie, d’autres consommatrices et les dernières aptes à assumer les deux.

« Les demandes d’études dépassent déjà ce que nous avions envisagé, explique Soizic François, pour l’association d’animation du parc (APAGE). Notre objectif est que les gens qui travaillent sur notre site y soient bien tout en ayant les coûts les plus adaptés pour continuer à faire du business » conclut-elle. Car « écologie et économie ne s’opposent pas » comme le rappelle souvent le président de la CCIAMP, Jean-Luc Chauvin. 

A l’issue des tables rondes, des rendez-vous organisés par le Métropolitain Business Act, le réseau d’affaires de la CCIAMP, se sont tenus permettant d’aller à la rencontre d’experts et de découvrir des solutions adaptées pour la gestion de l'énergie dans son entreprise.