« La quasi-totalité de nos départements est régulièrement en déficit hydrique. Il va falloir être de plus en plus vigilant », explique Olivier Cebe, membre élu de la CCIAMP. « Nos entreprises ne sont pas préparées à la sobriété, notre Métropole est même en retard. Pour mettre en place des solutions, il va falloir innover, s’inspirer des meilleurs, comme l’Espagne dont le taux de réutilisation des eaux usées atteint 26% contre 1% en France ».
Si l’Etat a réagi en mars 2023 avec un Plan Eau 2030 décliné en 53 mesures, il appartient à chaque entreprise d’analyser ses pratiques pour devenir plus économe. « 66% des niveaux de nappes étaient encore sous les normales mensuelles en septembre dans notre pays », rappelle Léonard Boniface, responsable Filières stratégiques Energies et décarbonation de l’industrie de la DREETS Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les prélèvements vont devoir diminuer de 10% d’ici 2030. Comme le prix de l’eau est peu élevé, les entreprises se sont moins préoccupées du sujet mais face au risque de pénurie de la ressource, elles doivent s’y mettre. Il est possible de développer des solutions innovantes avec des aides de l’Ademe, d’engager des investissements avec le soutien de l’Agence de l’Eau ».
« On a trop longtemps considéré que l’eau était une ressource illimitée, ce plan Eau 2030 démontre un changement » se réjouit Thierry Troudet, directeur général d’Ecolab France, un groupe de 1 900 collaborateurs disposant d’une usine et d’un centre de R&D à Aubagne, spécialisé dans les solutions de protection de la planète et des personnes à travers l’eau, l’énergie et l’hygiène. Mais avant de se lancer, il importe de bien évaluer ses consommations, ses besoins et ses capacités de progrès.
Pour opérer un premier diagnostic rapide et gratuit, la CCIAMP propose, via son site web, un « Auto Diag Eau » qui permet en 16 questions (suivi de la consommation, équipements et process, traitement des eaux usées…) d’estimer son degré de maturité dans la gestion de l’eau nécessaire à ses activités. « La réflexion est poussée jusque sur les risques de pollution, la vulnérabilité aux inondations ou les actions de sensibilisation des collaborateurs sur l’utilisation de l’eau au quotidien » confie Marie-Laure Pluvy, conseillère entreprises en transition écologique à la CCIAMP.
Le programme « Ecod’O », comprenant accompagnement, diagnostic et plan d’action personnalisé, permet de pousser plus loin sa démarche d’optimisation, notamment dans les entreprises industrielles et du tourisme très présentes sur le territoire.
Les équipes de la CCIAMP peuvent enfin conseiller chaque société sur la recherche de financements de projets susceptibles d’améliorer leur situation.
Pour Thierry Troudet, se pencher sur la question peut générer de bonnes surprises : « Un industriel qui nous a consultés s’est aperçu que 78% de sa consommation provenait de fuites d’eau ! En s’y attaquant, il respectera les obligations du plan 2030 ».
Pour Philippe Piferrer, vice-président de la division Total water management & sustainability d’Ecolab, se plier aux réglementations ne doit pas être la seule motivation. Diminuer sa consommation peut contribuer à accroître la performance opérationnelle d’une entreprise.
Ecolab aide à se doter d’une cartographie de ses consommations, à explorer des pistes de solutions, à les expérimenter, à les réaliser et à en mesurer les effets, quel que soit le secteur d’activité. « Une usine de graisses et huiles alimentaires a pu économiser 32 500 m3 en récupérant des eaux résiduaires. Une autre, en Espagne, dans les emballages en acier, a réduit ses prélèvements de 800 000 m3 par an » dit-il.
Responsable Foncier ICPE chez Colas, Rémi Sarda-Hauret voit également Bronzo Perasso, filiale « carrières et bétons », récolter les fruits de ses investissements sur l’abattage des émissions de poussières, le lavage des engins, le recyclage, la réutilisation des eaux de pluie… « Aujourd’hui, sur la carrière de Sainte-Marthe, il ne faut plus que 122 litres d’eau par m3 de béton contre 236 litres en 2012 » assure-t-il.
Soucieux de valoriser de nouvelles expériences, Olivier Cebe promet une nouvelle réunion au 1er semestre 2024 pour montrer qu’agir paie pour la planète et les comptes des entreprises.
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