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Vect-Horus : L’alliance savante de la technologie et du modèle économique

Sur le plan scientifique, la start-up marseillaise a réalisé une prouesse : franchir la barrière du cerveau, considérée comme une forteresse imperméable, afin de faire passer des médicaments. Sur le plan économique, son modèle « dérisqué » pourrait payer très prochainement. Enjeux et défis.
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    Mercredi 31 août 2016

    Que l’on se mette bien cela dans le cerveau, plus d’excuse clinique pour ignorer ce que se dit peu ou du moins, faiblement exprimé : les expertises académiques autour des neurosciences qui existent depuis des années sur le territoire ne joueront plus les taiseuses.

    « C’est la plus grande collaboration des acteurs locaux en neurosciences. En région, Marseille est le deuxième pôle français dans le domaine, tout juste derrière Paris, et personne ne le sait », explique Alexandre Tokay, ex-banquier d’investissement dans les sociétés cotées, cofondateur en 2005 avec Michel Khrestchatisky, directeur de recherche au CNRS et du laboratoire de neurobiologie des interactions cellulaires et de neuro-physiopathologie (CNRS/Aix-Marseille-Université), de Vect-Horus.

    La spin-off marseillaise, issue d’un laboratoire du CNRS, à l’origine incubée au sein de l’incubateur interuniversitaire Impulse, aujourd’hui hébergée et soutenue par AMU, figure parmi les sociétés « stars » de la filière des neurosciences et est un des piliers de la dynamique de DHUNE, fédération hospitalo-universitaire du CHU de Marseille, « harponnée » par les pouvoirs publics comme centre d'excellence dans les maladies neurodégénératives (cf. Neurosciences : La première structuration réussie dans les maladies dégnératives serait-elle à Aix-Marseille ?).  

     

    Cheval de Troie

    La société, qui a reçu en juin dernier le prix du leadership technologique Frost&Sullivan pour sa technologie VECTrans®, est à l’origine d’une plateforme technologique de rupture permettant de transporter plus efficacement les médicaments dont des anticorps vers le cerveau.

    Enjeu ? « Franchir, sans l’abîmer, la barrière hémato-encéphalique, qui a pour but de protéger le cerveau des virus et microbes transportés dans le sang mais qui restreint aussi le passage de médicaments du sang vers le tissu nerveux. 98 % des médicaments développés par l’industrie pharmaceutique, toutes indications confondues, ne rentrent pas dans le cerveau, limitant l’efficacité des traitements des maladies neurodégénératives et du système nerveux central (Parkinson, Alzheimer, sclérose en plaques, épilepsie…). Nous avons développé une technologie qui permet d’exploiter les propriétés biologiques de la barrière pour que soient captées naturellement, tels un « cheval de Troie », les molécules thérapeutiques jusqu’alors bloquées », répond doctement Alexandre Tokay, dont l’épaisseur scientifique trompe son profil d’homme financier.

    Pour déjouer les récepteurs de la barrière protégeant le cerveau, machine décidément merveilleuse, la technologie de Vect-Horus utilise des vecteurs peptidiques, « protéines composés de plusieurs aminoacides », auxquels vont être accrochés des médicaments : « Le peptide va être reconnu par le récepteur, qui va le capter et l’internaliser dans la cellule ».  

     

    Collections optimisées

    De toutes les stratégies scientifiques développées actuellement sur ce sujet (il y en a 4 à 5 ans le monde), l'entreprise française, qui planche sur ces fameux récepteurs depuis fin 2000, s’est concentrée sur celle (Receptor-Mediated Transport, RMT) considérée « comme la plus sûre et la plus efficace pour atteindre le cerveau ».

    « Nous avons quelques concurrents, notamment des biotechs américaines et canadiennes qui ciblent la même stratégie scientifique. Mais notre technologie est incrémentée dans le médicament. C’est l’association d’un vecteur et d’une molécule thérapeutique qui forge l’innovation. Nous sommes les seuls au monde à avoir une collection peptidique optimisée, c’est-à-dire, une molécule stable qui se fixe très bien sur les récepteurs du transport ».

    À ce jour, à l’issue d’une phase de 8 ans pour mettre au point la technologie, une première famille d’une trentaine de peptides a été identifiée, dont certains d'entre eux, retenus dans le cadre des programmations internes de la société ou de ses collaborations scientifiques avec les big pharmas, ont démontré leur efficacité sur le modèle animal.

    Un premier produit en propre (VH-N439) – une neurotensine vectorisée pour induire une hypothermie thérapeutique (afin de réduire le risque de lésions cérébrales en situation de réanimation, on utilise des solutions de refroidissement externes tels que les apport de glace, casques réfrigérants mais peu les injections intra-cérébrales) - est actuellement en phase préclinique réglementaire, étape qui dure en moyenne entre 18 et 24 mois, avant de passer aux études d’efficacité et de non-toxicité sur l’homme.     

    « Ce premier produit aura des applications dans le domaine des lésions du système nerveux liées à l'accident cardiorespiratoire (dont le taux de survie est faible, autour de 25 %) et l'ischémie-hypoxie néonatale », précise Alexandre Tokay.

     

    Modèle « dérisqué »

    La force de la start-up spécialisée dans la conception de vecteurs est aussi dans son modèle économique. « Dérisqué », insiste Alexandre Tokay, dans un univers où la complexité technologique et les temps de développement longs sont dissuasifs pour les sociétés de capital-risque. Sauf Outre-Atlantique où les biotechs sont plus matures et ont fait la preuve de leur rentabilité : « Nous avons un concurrent au Canada qui n’a qu’un seul peptide dans son pipeline mais cela ne lui a pas empêché de conclure un accord de licence de 37 M$ sur un deal 300 M$ il y a quelques années. Nous n’aurons jamais de deals d’une telle importance car notre stratégie est de limiter le risque de développement : optimiser la R&D, développer ce qui a beaucoup de valeur, et proposer la molécule à des big pharmas, qui n’ont pas cette expertise, sous forme de licences ».  

    Mais, même en transférant le risque de développement assez rapidement (en se bordant à l’issue des études attestant de la non-toxicité du produit sur un sujet sain), le financier de l’équipe estime que la société peut conclure des accords de 100 à 300 M$.  

     

    Deux axes stratégiques

    En fait, l'entreprise se déploie selon deux axes, l’un par le biais de licences vendues à l'industrie pharmaceutique, le second se base sur des collaborations scientifiques et académiques, notamment avec AP-HM, AMU, CNRS, INSERM pour le développement de ses propres produits.

    La plateforme technologique VECTrans® a déjà intéressé Sanofi et Servier. En janvier 2015, la TPE a signé un accord avec Sanofi pour développer un vecteur capable de transporter dans le cerveau des anticorps ciblant une maladie neurodégénérative (les pathologies du système nerveux représenteraient le deuxième marché thérapeutique au niveau mondial malgré le fait qu'il n'existe à ce jour aucun traitement curatif ou efficace).

    Un autre partenariat a été scellé en fin d’année dernière avec les laboratoires Servier en vue de développer de nouvelles molécules destinées au traitement des maladies du système nerveux central (SNC). L'entreprise, installée à la Faculté de Médecine dans le 15e arrondissement, est aussi sur un projet dans l’imagerie médicale.

     

    Besoin de financement de 5 M€

    Très soutenue par les finances publiques (CIR, Bpifrance…) et par des family offices (il n’y a pas de sociétés de capital-risque au capital, lequel restera à la discrétion des actionnaires), Vect-Horus (20 personnes) a levé au total depuis sa création 17 M€, la dernière opération ayant été réalisée en 2015. Elle est actuellement de nouveau engagée dans une quête de financement, dont le besoin est estimé entre 5 M€, qui est presque couvert, avec cette fois l’entrée probable d’un acteur financier privé et régional.

    Pour la première fois, en 2016, elle devrait pouvoir afficher un chiffre d’affaires « de quelques centaines de milliers d’euros, fruit de ses accords de recherche » en attendant des accords de licence, peu probables cette année mais dont la signature pourrait être effective d’ici la fin 2017, le chiffre d’affaires devrait alors très largement dépasser le million d’euros.

    A.D

    Comprendre

    ► Vect-Horus a développé une plateforme technologique qui facilite la délivrance de médicaments dans le cerveau et autres organes ou tumeurs

    ► Elle s’appuie sur des vecteurs peptidiques qui se fixent sur des récepteurs particuliers de la barrière hémato-encéphalique, laquelle a pour but de protéger le cerveau des virus et microbes transportés dans le sang mais restreint aussi le passage de médicaments du sang vers le tissu nerveux. Leur rôle est d’assurer le transport de molécules naturelles du sang vers le cerveau.

    ► Elle dispose d’un portefeuille de 54 brevets déposés à l’international et dont certains sont délivrés.

    ► La société a récemment signé des collaborations de recherche avec Sanofi pour le traitement d’une maladie neurodégénérative, avec Servier et avec Advanced Accelerator Applications (AAA), leader européen dans le domaine de l’imagerie moléculaire et nucléaire.

    ► La société a déjà établi la preuve de concept de sa technologie chez l'animal, ce qui a conduit au développement d'un premier candidat médicament. Il est en phase de développement préclinique.

    ► Par ailleurs, la société développe des molécules vectorisées qui visent tout particulièrement les lésions neuronales dans le cerveau suite à un arrêt cardio-respiratoire ou une hypoxie néonatale, mais aussi ciblent de manière spécifique différents types de cancers dont celui du pancréas.

    ► Vect-Horus figure parmi l’une des 15 « success stories » de la recherche médicale identifiées par le CNRS sur un millier de sociétés issues de ses laboratoires.

    ► Elle a reçu le prix Frost & Sullivan 2016 en juin dernier pour sa technologie.

     

     

     

     

     

     

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