La CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence considère l’infrastructure comme « un projet stratégique majeur », indispensable pour le Grand Port Maritime de Marseille, sa zone industrialo-portuaire, les entreprises et salariés du territoire.
Vingt-cinq kilomètres ne représentent quasiment rien à l’échelle des 12 630 km du réseau routier des Bouches-du-Rhône. Mais ces 25 km destinés à relier l’autoroute A54 à la ZIP de Fos-sur-Mer traversent et irriguent un bassin de population de plus de 137 000 habitants qui devrait atteindre les 190 000 à l’horizon 2030.
D’un bout à l’autre de l’axe actuel, la RN569, se déploient d’importantes zones d’activités (Clésud sur Grans et Miramas, Base aérienne et Tubé / Bayanne sur Istres…), quelque 400 entreprises et 56 000 emplois dont 12 560 sur la zone industrialo-portuaire de Fos (ZIP), 1er site industriel de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Et chaque jour, 200 000 véhicules l’empruntent, avec un engorgement quotidien aux heures de pointe, une accumulation de nuisances (bruit, pollution…), une insécurité routière... la voiture étant le moyen de transport privilégié à 96%. Le débat public sur la réalisation d’une liaison routière Fos-Salon examine donc un enjeu primordial pour l’amélioration des flux de déplacements de particuliers et de marchandises à l’ouest de la métropole Aix-Marseille Provence.
Mise sur pied par la Commission Nationale de Débat Public (CNDP), la Commission Particulière du Débat Public (CPDP), présidée par Jean-Michel Fourniau, multiplie les formes d’échanges pour permettre à chacun d’exprimer son opinion jusqu’à la clôture de cet exercice de démocratie participative, le 23 décembre 2020 : séances plénières, forums thématiques, sorties sur le terrain, micro-trottoirs, web et réseaux sociaux, cahiers d’acteurs… Son rôle est de recueillir tous les avis, en toute neutralité et transparence, même les plus minoritaires. Puis de les relayer auprès du maître d’ouvrage, l’Etat, à travers la DREAL, afin d’infirmer, confirmer ou enrichir les options à l’étude. « Et le maître d’ouvrage est obligé de répondre à toutes les questions » insiste Chantal Jouanno, présidente de la CNDP.
Pour l’heure, trois tracés sont mis en débat : une autoroute urbaine 2 x 2 voies avec un nouveau contournement 2 x 2 voies de Fos, une autoroute intermédiaire ou une voie express 2 x 1 voie avec créneaux de dépassement. Ces deux dernières options intègrent une amélioration du contournement de Fos. Selon le tracé adopté, le coût de l’infrastructure devrait se situer entre 272 millions d’euros et 533 millions d’euros. Le cadrage financier de la Loi d’Orientation des Mobilités inclut la réalisation du projet à l’horizon 2028-2032
Ses impacts économiques, environnementaux, agricoles, varient également. Le président du directoire du GPMM, Hervé Martel, évoque un projet « prioritaire » pour la desserte de la ZIP et ses futurs développements. Des associations de riverains soulignent que la situation actuelle ne peut plus durer parce que « la population est asphyxiée ». Mais la Chambre d’agriculture, inquiète pour la Crau, a déjà fait part de son opposition à sa réalisation et France Nature Environnement (FNE) PACA de sa volonté d’aboutir à la solution la moins nuisible possible.
Quant aux élus locaux, comme Frédéric Vigouroux, maire de Miramas, François Bernardini, maire d’Istres, ou Jean Hetsch, maire de Fos, ils soulignent l’importance de ne pas s’opposer au développement économique mais de l’inscrire dans un nouvel équilibre avec d’autres modes de transport afin de diminuer la part de camions sur la route. Comme le GPMM et les acteurs économiques, ils souhaitent, notamment revaloriser le fer, avec la gare de triage et le chantier rail-route de Miramas, les transports collectifs ou le vélo par des itinéraires dédiés.
Le Préfet de Région, Christophe Mirmand, étend le regard au-delà des problématiques locales. « Nous devons lutter contre la thrombose du trafic, mais cette liaison doit relever l’enjeu européen de la relation du Port à son hinterland, au couloir rhodanien. L’Etat est porteur d’une ambition élevée. Le projet n’est pas figé. Ce débat contribue à le construire ensemble ».
Lors de la séance plénière à Miramas, le 28 septembre, Romain Gille, membre associé de la CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence, a résumé les attentes du monde économique : « Il faut enfin accorder à ce territoire les infrastructures dont il a besoin. Les retards sont connus et dénoncés par tous. Défendre cette route indispensable à l’économie, ce n’est pas s’opposer aux autres modes de transport ».
Le 14 octobre à Port-Saint-Louis-du-Rhône, « port, logistique et place des différents modes de transport » seront justement au centre du débat. Et le 5 novembre, à Miramas, ce sera au tour du « développement territorial et des mobilités ». La voix des entrepreneurs sera d’autant plus écoutée qu’ils oseront s’exprimer dans ces séances publiques ou par voie écrite, comme l’a déjà fait, dans son cahier d’acteur, la CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence qui promeut la réalisation, à l’horizon 2030, d’un « système global de mobilité maillé et multimodal, facteur de développement et d’emplois ».
Pour s’informer, poser des questions ou exprimer son avis : https://fos-salon.debatpublic.fr/