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1er accélérateur des 146 000 entreprises de la Métropole

Les deux enjeux qui attendent les entreprises à La Coque

Installé à l’épicentre d’Euroméditerranée à Marseille, ce lieu dédié aux nouvelles technologies, qui a été inauguré ce 1er décembre en forte présence d'élus et d'acteurs économiques, fait la part belle au BIM et aux objets connectés industriels. Non sans raison...
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    Lundi 4 décembre 2017

     

     

     

    La transformation numérique n’est pas automatique (elle ne se fera ni tout seule ni en un jour). L’appropriation des nouvelles technologies n’est pas systématique (leur maîtrise prendra du temps). Les enjeux sont en tout cas considérables, tant pour les collectivités que pour les entreprises.

    Toujours désignée sous son nom de code initial lorsque son enveloppe n’était alors qu’une coque de béton, « La Coque », assiégée ce vendredi 1er décembre pour son inauguration officielle en forte présence (numérique) d’élus (Région, Département, Métropole, dont Jean-Claude Gaudin et Renaud Muselier eux-mêmes), d’acteurs de la French Tech, de représentants des milieux économiques et sponsors…, a manifestement une partition à jouer dans cette symphonie qui vise à apprivoiser les nouvelles technologies. Et plus particulièrement dans l’Internet des objets et la conception numérique des bâtiments (Building Information Modeling, modélisation des données du bâtiment).

    Les personnes qui se sont succédé à la tribune (pas moins de 10) ont eu fort à faire pour se challenger en expression-synonymes afin de bien définir ce lieu aux attributions multiples, exceptée toutefois celle d’être un bâtiment-totem (ces points de ralliements étendard des écosystèmes labellisés French Tech). Car même s’il est qualifié pour être un lieu de convergence des acteurs composant Aix-Marseille French Tech, la Coque ne comprendra ni l’hébergement ni l’accélération de start-up (bien d’autres s'en chargent localement, à l’instar P.factory, Netangels...).

     

    La Coque, tentative de définition

    Parmi les expressions glanées ici et là dans les différentes interventions : « Épicentre métropolitain de l’innovation ». « Laboratoire des usages de demain ». « Lieu dédié à la digitalisation du territoire et à la numérisation des entreprises ». « Showroom d’immersion ». « Lieu de sensibilisation au numérique pour les entreprises de l’économie traditionnelle (sic) et les collectivités ». « Lieu de compréhension des technologies digitales ». « Centre d’expérimentation des nouvelles technologies ». « Lieu de diffusion des dernières innovations numériques ». « Vitrine du savoir-faire digital »… La Coque sera donc tout cela à la fois.

    Dans les faits, ce lieu de 430 m2 jouxtant le théâtre de la Minoterie, face aux Docks à Marseille, au cœur du quartier d’affaires Euroméditerrannée, est opérationnel depuis fin septembre et aurait déjà accueilli 35 événements et plus de 2 000 personnes, selon Hugues Parant, maître de cérémonie en tant que directeur général d’Euroméditerranée, l’établissement public d’aménagement y ayant investi 2 M€*.

     

    Une triple dimension

    Concrètement, cet espace, animé par les équipes d’Euroméditerranée (Jean-François Royer, son directeur du développement, serait un membre plus qu’actif, a-t-on saisi), est partagé par trois entités.

    La première abrite une version étoffée de Connectwave, plateforme d’expérimentation dédiée à la compréhension des objets connectés à usages industriels et du sans-contact, créée par le Centre national de la RFID, qui s'est posé à Rousset il y a quelques années déjà (Cf. L’onde de choc intelligente qui va révolutionner l’industrie).

    La seconde abrite un espace dédié au BIM, animé par l’aménageur Euroméditerranée, en partenariat avec le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB, Marne-la-Vallée) et le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema Méditerranée est basée à Aix-en-Provence), deux établissements publics sous la tutelle de l’Etat.

    Enfin, Aix Marseille French Tech via Medinsoft (l’association représentant les entreprises de la filière économique) en a fait un lieu de rencontres BtoB et coworking pour ses membres.

    La gestion de l’ensemble, qui doit s’autofinancer via l'animation et privatisation des espaces, incombe à la société VF Events, structure cofondée par deux entrepreneurs, Fabien Sarrazin (ex-directeur régional de Bouygues Telecom et actuel dirigeant de la société spécialisée en réseaux d’appel d’urgence, Maîtrise Technologique) et Vincent Richet, ex directeur commercial dans plusieurs entreprises de télécoms avant créer les siennes, dont la dernière, Imagine your business. L’entrepreneur est aussi un militant de la « chose économique » : il fut un temps copilote du GEPA, groupement des entreprises du Pays d’Aix, aux côtés de Yves Delafon, son actuel président.

     

    Une offre adaptée ?

    En se positionnant sur les objets connectés pour l’industrie et le BIM, le lieu trouve sa singularité, pour ne pas dire une certaine exclusivité. Il répond en tout cas à un vrai besoin tant les entreprises françaises ne sont pas, sur ces sujets, tout à fait ni « IoT ready » ni « BIM ready ».

    Innovation, bien connue de l'aéronautique et de l'automobile, le BIM bang n’a en effet pas encore eu lieu en France. Cette technologie, jumeau numérique du bâtiment, devrait pourtant « remodeler » en profondeur la manière de concevoir, construire et exploiter les bâtiments.

    Avec cette projection réaliste en 3D du futur bâtiment, il est attendu de cette « révolution numérique », notamment par le travail en mode collaboratif des parties prenantes renseignant chacune de données, des gains sur toute la chaîne en termes de coût et de délais : en somme, construire mieux, plus vite et moins cher. 

    Il ressort de l’analyse des coûts d'un bâtiment sur cinquante ans d'usages que 3 % sont dédiés au montage, 2 % à la conception, 25 % aux travaux et 70 % àl'exploitation-maintenance. Selon Bertrand Delcambre, auteur du rapport de la Mission numérique bâtiment et président du Plan de transition numérique dans le bâtiment (PTNB, soutenu par le gouvernement), les coûts des projets en conception-construction pourraient revenir grâce au BIM de 5 % à 10 % moins cher et les délais de livraison, réduits de 10 % à 15 %.

     

    Premier enjeu : le BIM

    Or, selon les résultats la dernière édition du Baromètre du PTNB, publiée en mars dernier, 20 % des 313 entreprises sondées déclarent avoir commencé à utiliser le BIM dans leurs opérations : 10 % seulement chez les moins de 50 salariés. Pour rappel, le secteur du bâtiment compte 500 000 entreprises, dont 95 % d’artisans et de TPE.

    Pas encore une obligation en France – il l’est au Royaume-Uni depuis le 1er avril 2016 et l’Italie s’apprête à faire en 2018 - 26 % des maîtres d’ouvrage français déclarent avoir commencé à imposer le BIM dans certaines de leurs opérations. Selon Syntec-Ingénierie, le nombre d'appels d'offres demandant l'usage du BIM a augmenté de 60 % en France en 2016. En tant que sous-traitantes ou cotraitantes de grands groupes, les entreprises seront un jour obligées d’y souscrire.

    Toujours, selon le baromètre, le manque de compétences internes, le coût d’investissement du logiciel et le manque de standardisation freinent l’utilisation de la technologie.

    « Avec la seconde phase de l’opération d’intérêt national Euroméditerranée, qui vise à aménager la ville méditerranéenne durable et intelligente de demain, on se positionne comme un laboratoire qui offre le droit à expérimenter des choses qui ne sont pas encore normées et qui permettent de faire avancer les technologies », défend Laure-Agnès Caradec, la présidente d’Euroméditerranée, ne manquant pas une occasion de dire qu’ici se fabrique la ville de demain, grâce à des démonstrateurs de haut niveau portés par de grands comptes, comme Engie, EDF, Bouygues… (thalassothermie, géothermie, Smartseille…). D’ailleurs La Coque est raccordée à la boucle de géothermie marine Thassalia d’Engie.

    L’élue en charge de l’urbanisme à la Ville de Marseille précise qu’il s’agit aussi, avec cette plateforme d’immersion de 62 m2 dédiée à la maquette numérique dans le bâtiment, « d’offrir aux acteurs de la filière les outils, méthodes et techniques qui leur permettront d’accompagner les équipes d’Euroméditerranée dans les projets à venir ».

     

    Second enjeu : l’IoT industriel

    « Sur chacun de ces plots, vous avez un objet connecté professionnel, qui fonctionne et qui a une vraie valeur d’usage, guide Jean-Christophe Lecosse, directeur général du Centre national de la RFID, cette association loi 1901 créée en 2008 par Bercy, initialement pour favoriser le déploiement de la technologie RFID et du NFC puis, par extension, pour accélérer l'adoption et le déploiement des objets connectés dans l’industrie.

    L’IIoT (Industrial internet of object) fait partie des solutions retenues dans le cadre du plan Industrie du futur, la « Nouvelle France industrielle ». Et si Angers a été choisie pour accueillir la cité des objets connectés pour le grand public, son versat industriel est à Rousset, là où le CNRFID a déjà implanté un premier lieu dédié à l'expérimentation et aux usages dans les objets connectés pour les professionnels.

    Plus de 20 démonstrations sont disponibles à La Coque, contre une dizaine à Rousset, où restera le siège, insiste Bernard Nabé, le président du CNRFID :

    « Contrairement aux applications grand public, les solutions professionnelles ne sont généralement pas disponibles sur étagères. Elles doivent être adaptées ou spécifiquement développées pour répondre aux besoins des donneurs d’ordre. La France bénéficie de fournisseurs de taille mondiale et d’un tissu de PME innovantes dans ce domaine. Il fallait un concept, un lieu et une entité. Ici, les utilisateurs vont pouvoir modéliser, expérimenter, partager leurs problématiques », projette Bernard Nabé, qui appuie son discours de remerciements appuyés auprès de ses « bailleurs », les collectivités et les partenaires privés, « notamment nos membres fondateurs : Orange, ST Micro, Engie, CEPAC, Onet ...qui nous ont suivi ».

    Á la Coque, on trouvera d'ores et déjà des dispositifs qui permettent par exemple de suivre le transport à température dirigée, d’avoir une vision en temps réel des flux industriels, de faire « parler » les marchandises ou des supports de manutention, de prévenir incendies de forêts, de lutter contre la contrefaçon, de configurer à distance les produits à la sortie des stocks selon leur destination etc.

    Le Centre préside en outre, depuis plusieurs années, des comités nationaux et internationaux de normalisation. De par cette expertise, il a été mandaté en mai dernier sur l'écriture des recommandations en termes de sécurisation des données au niveau européen.

    « La sécurisation des données sera, dans les années qui viennent avec la montée en puissance du big data, quelque chose d’absolument fondamental et le fait que nous soyons en première ligne sur cette question sera aussi une vraie valeur ajoutée pour ce territoire », glisse Bernard Nabé, ayant visiblement saisi les mots qui « parlent bien » ici : attractivité.

     

    --- Adeline Descamps ---

     

    * via les programmes de l’Etat, Investissements d’avenir à hauteur de 190 K€ et le Plan de transition numérique dans le Bâtiment pour 50 K€. L’espace dédié aux objets connectés de Connectwave - plus de 400 K€ - est financé par la Région (323 K€), la Communauté du Pays d’Aix au démarrage, relayée par la Aix-Marseille Provence Métropole et la Ville de Rousset. Des sponsors privés y ont également contribué.

    Parmi les Partenaires de La Coque : Europe, Etat, Région Provence-Alpes-Côte d’azur ; Conseil départemental (CD13), Aix Marseille Provence Métropole – Villes de Marseille et d’Aix-en-Provence ; CCI Marseille Provence.

    Partenaires et sponsors : Asystem, Artelia, BTP13, CEPAC, CSTB, Engie, Ernst&Young, Fédération des promoteurs immobiliers, Jaguar Network, Lucicel, Onet, Caisse des dépôts

     

        

          Le numérique, filière stratégique

     

    « Premier financeur d’Aix-Marseille French Tech, a replacé l'église au coeur du village Jean-Claude Gaudin à l’occasion de l’inauguration, la Métropole a positionné le secteur numérique parmi ses six filières stratégiques et l’innovation comme l’un des axes fondamentaux de son Agenda du développement économique (la feuille de route de la stratégie métropolitaine, ndlr). La coque sera le lieu privilégié de la force d'innovation des entrepreneurs de la French Tech. Ce sont des arguments que la Métropole et la Ville, avec ses partenaires économiques la CCI Marseille Provence et Aix-Marseille Université, feront valoir à l'occasion du prochain appel d'offres de la French Tech 2018 », a annoncé le président de Aix-Marseille Provence Métropole.

    « L’écosystème numérique d’Aix-Marseille French Tech est le premier parmi les 15 premiers territoires labellisés en termes de visibilité, d’actions et de présence sur les salons ayant trait au digital », a enchâssé André Jeannerot, le président de MedinSoft, l'association représentant les intérêts des entreprises du secteur I&T, sans citer les données sur lesquelles il se base. Et de rappeler « que le numérique est une vraie filière avec ses 49 000 emplois répartis dans 8 000 entreprises et ses 10 Md€ de chiffre d’affaires cumulés ».

    Cette visibilité, entend-on, elle s’est gagnée par la force de la « mobilisation collective », ce qui aurait permis « aux start-up du territoire de lever 87 M€ en 2016, d’attirer 21 entreprises étrangères installées sur la Métropole, d’accélérer ou incuber 250 start-up dans les différentes structures et d'identifier plus de 400 start-up » détaille André Jeannerot, qui a été désigné en juillet dernier président de l'association nationale regroupant les 13 clusters numériques régionaux à l'occasion de l'assemblée générale de France-IT.

    « Nous avons engagé la rédaction de la feuille de route pour les 3 années à venir, notamment pour attirer plus d’investisseurs internationaux sur notre territoire. On accompagnera à Las Vegas en janvier pour le CES, aux côtés de la Région, une quarantaine de start-up, et nous allons encore plus loin car la chine et le japon nous sollicitent ».

     

    A.D

     

     

     

     

     

     

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