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1er accélérateur des 146 000 entreprises de la Métropole

Le new deal de l'industrie

L’industrie se transforme. Les salariés changent. Attractivité, innovation et révolution managériale, il ne fut question que de cela lors de la seconde édition du Forum de l’industrie de demain. Un rendez-vous qui s’impose comme un arrêt sur image sur une industrie mais pas n’importe laquelle...
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    Lundi 18 décembre 2017

     

     

     

    De l'industrie tolérée à l'industrie aimable … l’industrie « du futur » sera-t-elle un levier pour rendre l’industrie « désirable » ? Car dans le fond, l’industrie, qui se faisant pourtant de plus en plus propre et durable, peine toujours à être désirée par les jeunes.

    La question n’était pas directement posée. Mais, il ne s’est agi (presque) que de cela tout au long de ce rendez-vous désormais établi et tout dévolu à l’industrie.

    La première édition, en 2016, avait montré que l’industrie en avait encore dans le moteur pour générer de l’intérêt. Pas moins de 400 participants avaient répondu à l’appel d’EDF et de ses partenaires pour un premier deal avec l’industrie dont l’objet est alors de donner à voir, à lire et entendre « un territoire qui s’ignore industriellement ».

    Cette seconde édition*, portée cette fois - « signe d’une industrie qui s’engage » ? - par toutes les fédérations industrielles régionales (UIC, UIMM, UFIP, UNICEM, FRIAA, Allizé Plasturgie et GMIF), réunies au sein d'Industries Méditerranée**, et co-organisée avec le soutien d’EDF, de la CCIMP, du MEDEF PACA, de la Métropole Aix-Marseille-Provence, de la Région PACA et de la Préfecture de Région PACA, n’a pas trompé les attentes. L’industrie mobilise encore.

    Et les corps représentatifs de ce secteur ont communié ensemble pour faire de l’attractivité industrielle, dont dépendent leurs facilités de recrutement, un enjeu. Il est vrai que l’industrie n’a pas son équivalent en termes de métiers en tension. Fâcheux dans un contexte de numérisation accélérée de l’économie qui chamboule l’emploi et le travail (plus collaboratif, plus en mode projet, moins hiérarchique), met le bazar dans les compétences nécessaires (plus tech, plus hybrides, plus transversales), brouille les frontières des entreprises (amenées à s’ouvrir davantage sur un écosystème local ou international toujours plus large et plus diversifié)…

    « Le pire, dans la conjoncture actuelle, serait de ne pas être en mesure d’attirer les compétences dont on a besoin alors que l’activité repart et que le chômage ne décroît pas ! », résume Alexandre Saubot, le président de la puissante Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) depuis 2015 et vice-président du Medef. « Sur les 5 prochaines années : 110 000 personnes seront à embaucher dans la métallurgie (hors rebond de l’activité, ndlr) et 250 000 sur l’ensemble de l’industrie ». Le cadre est posé.

     

    « Le secteur industriel commence à repartir*** et rencontre, malgré un taux de chômage élevé, de sérieuses difficultés de recrutement dans les emplois à forte valeur ajoutée. C’est notre sujet du jour : il faut veiller à ce que cette croissance ne soit pas freinée par une inadéquation entre nos besoins et l’offre », dira autrement Gilles Carraz, président d’Industries Méditerranée, expression « d’une mobilisation des fédérations industrielles de façon à coordonner les efforts pour réhabiliter l’image de l’industrie et accompagner son développement de façon à ce que sa contribution au PIB soit portée à 20 % d’ici à 2030 ».

    « Nos productions sont en croissance de 15 % par rapport au niveau d’avant la crise et on recrute 15 000 personnes par an, notamment des profils très qualifiés », dira Magali Smets, ex cadre-dirigeante d’Areva, recrutée en avril dernier à la direction générale de l’Union des industries chimiques (UIC), mère de toutes les industries.

     

     

    Deal avec l’industrie mais pas n’importe laquelle

    À l’épreuve, le « rendez-vous » sera sans doute bien plus qu’une simple mise en évidence du potentiel industriel du territoire, offrant comme un arrêt sur image sur une industrie qui se transforme. Mais pas n’importe laquelle toutefois. Celle qui fabrique l’avenir, plus agile, plus productive et plus intelligente. Celle qui invalide le fordisme et le taylorisme qui effraie tant les jeunes (?). Celle des énergies dé-carbonées. Celle de toutes les technologies numériques, qui en dépit de leur niveau de maturité, de leur facilité supposée d’intégration, de leurs promesses en termes de gains compétitifs, n’innervent toujours pas les chaînes de production hexagonales.

    Bref, cette fameuse industrie du futur « dont l’histoire reste à écrire, souligne Maurice Wolff, élu à la CCI Marseille-Provence en charge des filières, avant d’ajouter : « et notre territoire est particulièrement bien placé pour écrire quelques pages grâce à ses grands projets autour de l’écologie industrielle, de l’éolien flottant, et du smart manufacturing avec Henri-Fabre ». 

     

    L’évidence industrielle ?

    « De toute évidence », insiste-t-il, l’industrie compte sur notre territoire : 400 000 emplois directs et indirects, 4 Md€ d’investissements et 66 % des brevets déposés dans notre région sont le fait de l’industrie.

    De toute évidence, « les chiffres sont trompeurs, tempère Gilles Carraz, qui est aussi le directeur d'Arkema Saint-Auban. Sur 10 ans, l’industrie est plutôt à la baisse même si elle continue de porter l’innovation avec les deux-tiers des brevets déposés au niveau régional ».

    Entre 2,8 et 3,5 millions. C’est la jauge (selon les études) des actifs qui travaillaient dans l’industrie en 2016, soit 10,9 % de l’emploi total en France. Près de 800 000 emplois (équivalents temps plein) ont été détruits depuis 2000. Bien que le rythme des destructions d’emploi se soit réduit depuis la fin de la crise, l’industrie française a néanmoins encore perdu en 2016 près de 30 000 emplois en un an, et ce malgré la reprise de l’activité.

     

    Le grand malentendu

    Entre l’industrie, les jeunes et les Français, c’est l’histoire d’un grand écart entre des déclarations émises dans tous les sondages et un déclassement inexplicable en termes d’image.

    L’industrie coche pourtant toutes les cases pour répondre aux préoccupations des Français, note le candidat à la succession de l’actuel président du Medef, Alexandre Saubot : « l’angoisse générale porte sur le fait de se former et de trouver un emploi. Quand vous entrez dans un CFAI (centre de formation des apprentis, ndlr), vous avez 85 % de chance d’avoir votre diplôme et un emploi en sortant, en outre dans deux-tiers des cas, en CDI. Quand on sonde ceux qui travaillent dans l’industrie, ils sont plus de 80 % à avoir trouvé ce qu’ils y attendaient. On a là des données qui montrent que l’industrie gagne à être connue », encourage-t-il.

    Dans le dernier baromètre sur « Les jeunes et l’industrie », réalisé à l’occasion de la Semaine de l’industrie à la demande de Arts et Métiers ParisTech en mars dernier, la sensibilité des lycéens semblaient s’améliorer. 77 % déclaraient avoir une bonne opinion de l’industrie (+ 8 points sur 5 ans), jugée comme un secteur contribuant à l’innovation, permettant d’être en contact avec les technologies de pointe (85 % des interrogés dans les deux cas) et agissant de plus en plus pour l’emploi en offrant une large diversité de métiers.

    Encourageants, 46 % (+ 3 points) déclaraient vouloir travailler dans l’industrie, et notamment dans le secteur des énergies renouvelables (le respect de l’environnement est un sujet important pour les jeunes interrogés). Un petit quart persistait dans l’image d’un domaine à la source de pollutions.

     

     

    Réindustrialisation, grande nécessité nationale

     « L’industrie est inside », ose Magali Smets. L’ingénieure formée à Centrale Lille et au très coté MIT du Massachussets fait référence au célèbre slogan publicitaire du groupe américain Intel, dont les processeurs équipent 85 % des PC et 92 % des serveurs, pour dire que la chimie, est ultra-dominante. « Elle s’invite chaque jour dans votre quotidien. Elle est dans tous les objets que vous touchez, dans toutes les activités que vous faites. L’écran smartphone, les principes actifs de vos médicaments, la batterie, l’impression 3D ..., la chimie est au cœur de toutes ces innovations », défend-elle âprement.

    Non seulement, elle est « inside », mais elle est aussi au cœur de toutes les transitions actuelles, énergétique, écologique, numérique, organisationnelle et sociétale : « car les produits smart, tech ou "transition énergétique" c’est l’industrie qui pourra les apporter et tout l’enjeu est de les fabriquer en France », pointe avec des accents « montebourgiens » Gilles Carraz.

    Elle est en effet aussi au centre des enjeux actuels d’un pays qui a décrété la réindustrialisation comme « grande nécessité nationale » face aux nouvelles échelles concurrentielles.

     

    « Assumer ce que nous sommes »

    C’est ainsi que pour actualiser les tablettes des jeunes (mais aussi les logiciels des parents et des enseignants) qu’a été lancée une grande campagne de communication par La Fabrique de l’avenir (« cette démarche collective qui vise à porter d'une seule voix auprès des Français le discours positif et enthousiasmant d'une industrie qui leur construit un bel avenir », sic).

    Le tout doit combattre les images d’Épinal, qui viennent encore trop spontanément lorsque sont évoqués les métiers de l’industrie, des emplois « ouvriers » en « usine », en « déclin » du fait des « délocalisations » et du « chômage », au faible niveau de qualification, aux perspectives de carrière limitées (a fortiori pour les femmes), et encore largement polluantes.

    « Les politiques ont un rôle à jouer », mord Magali Smets, son industrie, étant encore largement stigmatisée par « certains ministres » pour sa « pollution » alors qu’elle « contribue à relever le défi du respect de l’environnement à plusieurs niveaux ».

    « Si on considère que l’industrie redevient une priorité de notre pays, il va falloir que le discours cohérent soit cohérent sur l’ensemble de la chaîne et que l’on puisse être reconnue comme des industriels responsables de l’environnement et des réglementations », défend-elle.

     

    Quand l’intelligence vient aux machines

    « Oui, l’industrie gagne à être connue, rebondit Pierre Grand-Dufay, président de la Commission Économie et Emploi au Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur. Le chef d’entreprise, caution « éco » à la Région, voit dans la révolution technologique, à travers le traitement massif des données, les objets connectés ou encore l’intelligence artificielle, un moyen pour l’industrie de se régénérer auprès d’une génération beaucoup plus connectée et créative.

    « Elle a deux conséquences immédiates. L’introduction des nouvelles technologies participe à l’attractivité industrielle pour les jeunes et les ingénieurs, car les projets  recèlent plus d’aventure et d'intérêt. Aussi, ces technologies au service de la production permettent une diminution du facteur travail par rapport au capital, contribuant ainsi à la compétitivité des entreprises au sein de l’espace européen », poursuit celui qui gage alors sur un mouvement de relocalisation des industries « expatriées ». « Il y a des raisons d’être très optimiste à la condition que l’on soit capable de dispenser les formations et les accompagnements ».

    Muriel Hautemulle, DRH au sein de la direction Parc nucléaire et thermique chez EDF, qui a recruté 12 000 personnes dans sa direction entre 2008 et 2016, dont 27 % en alternance, adhère manifestement et préconise de les capter par leur sensibilité : « La génération des « millénials » est en quête de sens. Nos activités en ont. Ils sont aussi très sensibles au travail en "mode projet" pour faire aboutir quelque chose collectivement ».

    Reste donc à balayer le mode d’organisation pyramidale « qui rebute tant les jeunes ». « Si on n’est pas capable de répondre à cela, on va se réveiller avec la gueule de bois », acquiesce Alexandre Saubot, à la tête de l’ETI familiale Haulotte spécialisée dans la fabrication de nacelles, qui voit dans « la nécessaire révolution managériale » un autre défi.

     

     

    La formation, le grand débat

    Dans ces débats sur l’accès aux compétences, la formation devient vite un sujet, a fortiori à un moment - réforme majeure amorcée par le gouvernement - où est battue en brèche l’efficience du système de la formation professionnelle français.

    Augmenter d’un point le taux d’accès à la formation permettrait un gain net pour l’économie en France de l’ordre de 7,5 Md€, soutient une étude menée FFP et le cabinet Roland Berger. En France seulement 36 % des adultes bénéficieraient chaque année d’une action de formation contre 53 % en Allemagne et 56 % au Royaume-Uni.

    « C’est sans doute la plus importante du quinquennat, explique Alexandre Saubot, vite nommé le « Monsieur social du patronat » pour avoir été chef de file de la négociation sur la modernisation du dialogue social. L’on a tous une expérience d’entreprises qui ont besoin de compétences particulières alors même que la région nous refuse l’ouverture d’un CFA correspondant aux besoins que nos salariés nous demandent », tance le polytechnicien, notamment passé par la haute administration et les cabinets ministériels.

    Le sujet est sujet à de vives tensions en ce moment entre l’UIMM et les Régions pour gérer l’apprentissage. Le gouvernement souhaite en transférer une partie aux branches via les Opca de façon à ce qu’elles puissent financer directement les formations dont elles ont besoin. Les régions n’entendent pas lâcher. Sous la pression, le gouvernement est contraint de composer (des groupes de travail planchent sur des nouvelles propositions à livrer avant fin janvier).

    « On ne doublera pas le nombre d’alternants en France sans mobiliser et responsabiliser le monde de l’entreprise et on ne réglera pas le problème de chômage des jeunes sans doubler le nombre d’alternants. On n’a pas le choix. Les orientations générales tels qu’elles ont été posées par le gouvernement sont clairement les bonnes mais …». Mais la crainte que les « mauvaises habitudes reprennent le dessus » ne sont toujours pas dissipées...

     

    Accélération numérique insuffisamment enclenchée

    Conclusions d'une matinée organisée de tables rondes et d'ateliers ?

    Une évidence : Toutes les périodes de grandes transformations génèrent fantasmes et craintes.

    Un fait : L’appropriation des enjeux de la mutation numérique, avec toutes ses conséquences en termes d’évolution des métiers, d’organisation et de contenu du travail, reste à faire. Certaines études mesurent le niveau de numérisation de la France à 12 %, soit au niveau de la moyenne européenne, mais en retard par rapport aux pays les plus avancés, tels que les États-Unis (18%), le Royaume-Uni ou la Suède (15%).

    Une réalité : Le grand écart entre les besoins en compétences et celles dont disposent actuellement les actifs.

    « L’industrie se doit aussi de rayonner », soutient Thierry Chaumont, président de l’UIMM Alpes-Méditerranée qui salue l'arrivée dans la famille « Made in france » du frère jumeau de la « French Tech ». Dans cette course à la notoriété, les acteurs industriels pourront en effet peut-être gager sur le « French Fab », nouvelle outil de « soft power » lancé début octobre par le ministère de l’Économie.

    Symbolisé par le même coq gaulois en origami mais bleu (en écho au coq rouge de la French Tech), cette marque portée par Bpifrance et gérée par un groupement d’intérêt économique avec l’État, les régions, l’Alliance industrie du futur et France Industrie****, pourra être attribuée aux entreprises incarnant l’élite industrielle française. Lire : innovantes, digitalisées, internationalisées, vertueuses sur un plan environnemental...

    L’ambition est qu’à terme ce label coiffe une énorme fabrique à ETI comme la French Tech est parvenue à l’être pour les start-up, avec une portée à l'international. Elle aura une première occasion de l’exprimer lors du salon de l’industrie de Hanovre en avril 2018 où un stand sous étendard « French Fab » sera déployé.

     

    --- Adeline Descamps ---

     

    * Le second Forum de l'Industrie de demain s'est tenu le 14 décembre au Palais de la Bourse à Marseille.

    ** Créée en juillet 2017, la démarche « Industries Méditerranée » est un projet collectif qui s’inscrit dans la durée. Elle fait écho à la démarche « La Fabrique de l’Avenir » initiée au niveau national. « Industries Méditerranée » a vocation à fédérer les acteurs de l’industrie à l’échelle régionale : fédérations professionnelles, acteurs économiques, associations à vocation industrielle, etc. afin de valoriser l’industrie et porter collectivement les enjeux et priorités partagés.

    « Industries Méditerranée », est une initiative conduite par l’UIC, l’UIMM, l’UFIP, l’UNICEM, la FRIAA, Allizé Plasturgie, le GMIF et la FIM, en partenariat avec les CCI de PACA, le CIPEN, la FEDENE, le SFIC, Team Henri-Fabre, l’UPE 13, l’UFE, l’UMF Marseille-Fos, l’UPV, l’UDE 04, Total et Arkema.

    *** L’investissement des entreprises industrielles a progressé dans toutes les branches de 3,6 % en volume en 2016, après une hausse de 3,3 % en 2015 et 2 % en 2014. Des mesures, comme le CICE, le Pacte de responsabilité, le suramortissement ont notamment permis de restaurer les marges des entreprises... Selon un décompte de L’Usine Nouvelle, 104 nouvelles capacités de production auraient été inaugurées en 2017 sur le territoire

    **** Le Cercle de l’industrie (40 grandes entreprises industrielles privées et publiques) et le Groupe des fédérations industrielles (19 fédérations et unions professionnelles adhérentes au Medef) ont fusionné sous France Industrie, organisation qui prendra effet début 2018 et sera présidée par Philippe Varin (ancien patron de PSA, président actuel du conseil d’administration d’Areva). En se rassemblant, les industriels espèrent avoir plus de portée dans leurs revendications et peser, à l’image de leurs homologues outre-rhins et transalpins, le puissant Bundesverband der Deutschen Industrie (BDI) allemand ou la Cofindustria italienne.

     

     

    L'innovation certes mais toujours celle que l'on croit ...

     

    Le digital n’est pas l’étalon-maître. Le véritable enjeu stratégique, c’est celui de l’innovation. Une nécessité autant qu’une garantie de survie. Le sujet ne fait plus débat.

    « Il n’y pas une industrie d’hier et une industrie de demain, mais une industrie d’aujourd’hui. Une certitude, elle évolue vite. Il faut éviter d’opposer systématiquement les secteurs traditionnels et les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple), qui auraient le monopole des innovations sympathiques. Rappelons juste qu'il n'y aura pas d’objets connectés, d’énergie renouvelables utilisées massivement, pas de stockage d’énergies ... sans matériaux nouveaux ». Et donc sans production et fabrication.

    Frédéric Ramé, président d’Altéo, a ainsi posé le cadre d’une des tables rondes tenues au cours de la seconde édition du Forum de l’industrie de demain, qui s'est tenu le 14 décembre au Palais de la Bourse à Marseille.

    Le fabricant d’alumines de spécialités basée à Gardanne depuis 120 ans, que l’on connaît certes plus pour les épisodes à rebondissements médiatiques sur les rejets que pour l’innovation, affirme ses « deux challenges principaux : continuer à transformer notre modèle économique pour développer de plus en plus de produits de spécialité à forte valeur ajoutée et, en même temps, opérer une transformation environnementale accélérée ».

    Si certains continuent à en douter, c’est néanmoins une réalité, tance le dirigeant, « nous avons arrêté depuis 2015 tous les rejets en mer ». Ce n’est toutefois pas un aboutissement mais une étape, signifie-t-il. « Il y a deux ans, on ne savait pas comment procéder. Nous avons donc benchmarké toutes les sociétés qui proposaient des solutions de traitement de l’eau, et expérimenté certaines via des pilotes industriels. Une d’entre elles va nous permettre d’atteindre des qualités de rejets d’eau très bonne et plus rapidement », restitue le président qui veut insister ainsi sur l’importance de l’écoystème car « nous n’aurions clairement pas pu le faire seul ».

    De la même façon, il estime son écosystème aussi déterminant dans le développement de nouveaux produits : « notre développement à l’international nous permet d’identifier de nouveaux prospects mais aussi des besoins. La problématique de l’explosion de batteries électriques en est un exemple. En mettant en relation nos équipes de business developpement et de R&D avec des start-up et entreprises innovantes, on a pu développer des nouvelles alumines qui commencent à être utilisées sur des véhicules ».

    Enfin, sur les procédés, aussi anciens soit-il (pour Alteo, cela date de Bayer !), « on ne maîtrise pas tout. En revanche, nos capteurs mesurent tout. On accumule ainsi une somme de données, dont nous restons propriétaires puisque nous avons nos propres serveurs. Tout l’enjeu est de les exploiter de façon à affiner notre connaissance scientifique de nos procédés ».

    En mixant les capacités du big data avec des logiciels type RapidMiner (logiciel open source assez utilisé dans le monde académique et industriel et efficace pour mettre en place rapidement une chaîne complète de traitement de données), l’entreprise parvient ainsi à « comprendre les causes profondes pour améliorer ».

     

     

    « Il faut s’enlever l’idée que l’industrie du futur ne serait que technologies. L’innovation industrielle repose sur l’exploitation des millions de datas que nous délivrent tous nos équipements, instrumentés depuis très longtemps », abonde le président d'Arcelormittal France, Philippe Darmayan. J’étais dernièrement dans une entreprise d’outillage à Bourges. Le chef d’entreprise m’expliquait que, dans 5 ans, 20 % de son chiffre d’affaires serait généré par du service. Car il ne se contente plus de fabriquer des outils mais peut montrer à ses clients comment utiliser les matériaux. La différenciation n’est plus seulement basée sur la compétitivité-coût mais sur l’intelligence pour arriver à mieux vendre et produire plus économe ». 

    « Dans l’agroalimentaire, l’innovation est permanente, pose pour sa part Cyril Bertrand, directeur du Centre régional d’innovation et de transfert de technologies agroalimentaires PACA. 60 % de nos entreprises innovent chaque année. On a l’équivalent l’équivalent d’un demi supermarché renouvelé tous les 5 ans. La moitié des produits que vous acheterez dans 5 ans ne sont pas encore connus ».

    Pour le directeur du Critt, cette région n’est pas hors du cadre : « Nous avons la chance d’avoir ici à la fois des entreprises innovantes et ancrées dans les traditions alimentaires qui leur permettent très connectées à l’alimentation méditerranéenne. Il ne faut jamais perdre de vue que la qualité des produits sanitaires français, a fortiori en PACA, est reconnue au niveau mondial et on vient nous voir pour cela. C’est un indéniable atout pour répondre à la demande du consommateur en quête de produits de qualité ».

    Avec plein de « s » à qualité, ponctue-t-il, car il faut répondre à un faisceau de demandes (nutritionnelles, sanitaires, de gout, environnementales…). « L’on ne peut y répondre que par l’innovation. Elle doit porter certes sur des produits, mais aussi les procédés, les modes de management et le pilotage, avec des méthodes qui sont certes connues de l’automobile et de l’aéronautique, mais pas encore assez de nos entreprises agroalimentaires ».

     

    --- A.D ---

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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