Forum Aix-Marseille « Zéro Carbone »

Jean-Luc Chauvin : « Notre territoire est une chance pour la France ! A 2030, nous avons deux défis à relever : réussir à confirmer notre capacité à être le territoire de la réindustrialisation française pour les cinquante prochaines années et passer de la parole aux actes sur les énergies décarbonées. Nous sommes sur une ligne de crête : soit on accélère tous ensemble, soit on prend le risque d’entrer dans une période de diminution de notre activité économique ».  

La décarbonation du Port de Marseille-Fos était au cœur des débats de la matinée. « Sans lui, nous n’aurions pas cette chance de pouvoir attirer autant de projets. Nous avons deux ans pour y répondre favorablement » insiste-t-il. 

« Accélérer, les métropoles dans les starting-blocks » : tel était l’intitulé du forum Aix-Marseille Zéro Carbone. « Aix-Marseille-Provence est en mode super-accélération, mais il faut aller encore plus vite ! » fut l’injonction de Jean-Luc Chauvin, après la table ronde consacrée au Grand Port Maritime de Marseille-Fos, « Laboratoire de la décarbonation ». Accélérer pourquoi ? « Parce que nous allons avoir à créer l’équivalent d’une ville nouvelle de 22 000 habitants en termes d’aménagement du territoire, de logement, d’infrastructures, de transports, d’établissements scolaires, de formation… Et relever les défis de l’énergie et de l’eau ! Nous sommes en train de vivre une période historique, nous allons devoir l’expliquer aux citoyens pour construire une acceptabilité. Nous avons 24 mois pour donner un signal fort aux grands investisseurs internationaux, au risque de perdre de la crédibilité ». Pour le président de la CCIAMP, cette accélération doit passer par les procédures administratives imposées à ces projets pour qu’ils se concrétisent dans les temps souhaités (certains industriels espèrent leur usine dès 2026) mais aussi par la quête de financements partout où ils sont possibles et notamment auprès de l’Europe. « Si nous n’osons rien, nous n’obtiendrons rien ! Nous avons tous à y gagner si nous savons où nous allons : faire d’Aix-Marseille-Provence le 1er territoire décarboné d’Europe ! » martèle-t-il. 

Aller vite pour réussir à long terme

Les intervenants du débat se situaient sur la même ligne, conscients, comme le rappelait Jean-Michel Diaz, directeur Sud PACA-Corse de TotalEnergies, que Fos n’a pas connu une telle accumulation de projets depuis près de 40 ans. « Plus que « Marseille en grand », c’est « L’industrie en grand », décarbonée, que nous pouvons bâtir sur le pourtour de l’étang de Berre. Le territoire ne peut pas y faire face seul, il faut une mission d’Etat, avec un Préfet dédié, pour gérer tous les projets ». Rémi Costantino, directeur général adjoint du GPMM, évoque, lui, « le Port en grand » « pour changer d’échelle et continuer à être la locomotive du territoire, dit-il, en rappelant que 42 600 emplois dépendent des activités portuaires. Il y a un lien étroit entre logistique et décarbonation » résume-t-il.

Farid Trad, vice-président Bunkering & Energy transition de CMA CGM, souligne que la compétitivité viendra d’une approche « multiénergies » et qu’il faut agir dès maintenant car « la décarbonation dans le secteur maritime s’inscrit dans un temps long, la vie d’un navire, c’est 25 ans ». Symbole de sa transformation avec une flotte plus propre, la compagnie approvisionnera en GNL à Fos son porte-conteneurs de 23 000 EVP (équivalent Vingt Pieds), le « Palais Royal », en escale les 14 et 15 décembre. 

Un impact positif pour toute la région

Au nom d’Enedis, Frédéric Béringuier rappelle que le projet de nouvelle ligne électrique 400 KV, mené par RTE, pour l’alimentation des usines à venir, dépassera le seul cadre industriel. Il bénéficiera à la sécurité électrique de tout le territoire régional. « Il faudra trois à cinq nouveaux postes sources, nous entrons dans une démarche de planification inédite autour de tous les projets » confie-t-il. Quant à Emilie Chalas, porte-parole du projet de giga-usine Carbon, elle admet que son groupe n’avait pas ciblé une implantation à Fos au départ. Les atouts du territoire et la volonté collective des acteurs locaux l’ont convaincu que c’était là et pas ailleurs qu’il pourrait bâtir une industrie française des panneaux et cellules photovoltaïques concurrentielle de la Chine. « Mais nous ne pouvons pas louper l’échéance des deux ans » affirme-t-elle, parlant de « vrai challenge », comme un coup de pression supplémentaire…