> La sobriété énergétique, le défi des entreprises | CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence
Skip to main navigation Skip to main navigation Aller au contenu principal Skip to breadcrumb Skip to footer
1er accélérateur des 146 000 entreprises de la Métropole

La sobriété énergétique, le défi des entreprises

La fin des tarifs réglementés de vente du gaz et de l'électricité assigne aux PME et PMI de négocier leurs contrats de fourniture d’énergie. Opportunité pour optimiser ses achats et réduire ses consommations ? État des lieux des forces en présence. Décryptage.
  • #ÉNERGIE
  • #ENTREPRISE
  • Partagez sur Facebook Partagez sur Twitter Partagez sur LinkedIn
    Partagez par Email
    Imprimez
    Mercredi 29 juillet 2015

    2 500. C’est le nombre de clients français consommant du gaz naturel qui vont avoir la bien désagréable surprise de recevoir de la part de leur fournisseur historique (pour la plupart, ex-GDF Suez devenu Engie) une facture majorée de 20 %. La période transitoire de six mois et les alertes et coups de semonce répétés de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) n’y auront rien changé.

    Le 30 juin 2015 était en effet la date butoir sommant les entreprises et collectivités publiques, dont la consommation annuelle est supérieure à 200 mégawattheures (MWh), à sortir de l'orbite des tarifs régulés (lire : prix fixés par les pouvoirs publics et uniquement proposés par les fournisseurs historiques, principalement EDF pour l’électricité et GDF Suez pour le gaz) pour basculer dans le monde de l’offre de marché (comprendre : ouverture à la concurrence avec prix librement fixés par les opérateurs).

     

    60 000 sites concernés au 1er janvier 2015

    La date réglementaire était en effet initialement prévue le 1er janvier 2015. Mais près de la moitié des 60 000 sites de l’Hexagone concernés par la nouvelle réglementation n’avait toujours pas, à cette date, souscrit à un contrat en offre de marché. Si bien qu’une dérogation à la loi Hamon sur la consommation du 18 mars a finalement été octroyée sous la forme d’un sursis temporaire.

    Ils étaient encore 15 000 à se situer en dehors des clous en avril dernier et ils seront donc finalement 2 500 à subir la sanction sous la forme d’une facture salée appliquée (automatiquement et par défaut) par l’opérateur d’origine avec l’obligation de régulariser la situation dans les trois mois. Sévère mise en garde mais un pis-aller par rapport à la rupture d’approvisionnement.

     

    Au tour de l’électricité

    Ce n’est toutefois pas fini. À compter du 1er janvier 2016, la fin des tarifs réglementés de vente (les fameux TRV) pour les professionnels concernera 59 000 autres clients de gaz naturel, ceux dont la consommation dépasse 30 MWh par an, mais pas que … À cette même date, 450 000 consommateurs d’électricité, ayant souscrit une puissance supérieure à 36 kVA (kilovoltampère, unité de mesure de la puissance des compteurs d'électricité), devront à leur tour aller sur le marché, comme le prévoit la loi Nome (Nouvelle organisation du marché de l’électricité). Si l'achat d'électricité a été jusqu'à présent relativement « balisée » avec une tarification jaune, verte ou bleue, le prix de l'électron - composante principale du prix de l'électricité - fluctuera demain en fonction du marché.

    Et ainsi, les marchés de l’électricité et du gaz naturel seront alors complètement ouverts à la concurrence, parachevant un processus d’une quinzaine d’années qui se déroule pour le moins très timidement en France. 

     

    Tarifs réglementés = forme cachée d’aide d’État selon Bruxelles

    Demandée par Bruxelles, cette libéralisation du marché de l’énergie a démarré en 1999 et 2000 pour les sites industriels, élargie en 2004 aux professionnels et collectivités puis en 2007 aux particuliers. L’ensemble des clients français ont depuis cette date la possibilité de choisir leur fournisseur d’énergie et d’opter pour deux types d’offres : les tarifs réglementés ou librement fixés par les fournisseurs.

    Or, la Commission européenne a considéré que les TRV, parfois inférieurs aux prix de marché, pouvaient constituer une forme cachée d’aide d’État privilégiant les acteurs historiques. La France s’est donc engagée à leur extinction programmée.

     

    Le grand soir de l’énergie tarde

    Pour autant, le « grand soir de l'énergie » n'a pas vraiment eu lieu. « Sept ans après l’ouverture à la concurrence, le marché de l’énergie peine toujours à trouver son rythme de croisière », a relevé Jean Gaubert, le Médiateur national de l’énergie, autorité créée en 2006 pour défendre les consommateurs d’électricité et de gaz.

    Dans son rapport annuel publié en juin, il dresse en effet un bilan très « mitigé » de l'ouverture du secteur à la concurrence. Au 31 décembre 2014, les opérateurs EDF et Engie détenaient toujours le monopole, dont l’essentiel aux tarifs réglementés.

     

    EDF et Engie, vice-versa

    Selon les dernières données trimestrielles (31 mars 2015) de l’Observatoire des marchés de l’électricité et du gaz naturel de la CRE, « chez les clients résidentiels (particuliers), en électricité, 3 209 000 sites sur un total de 31,6 millions étaient en offre de marché, dont 3 200 000 chez un fournisseur alternatif. Pour les clients non résidentiels, 715 000 sites sur un total de 5 millions étaient en offre de marché, dont 461 000 chez un fournisseur alternatif (qui ne sont pas des opérateurs historiques)1 ».

     

    Les nouveaux entrants, en deçà de 10 % de parts de marché

    Dans l'électricité, où l'incitation financière à changer de fournisseur est moindre compte tenu du faible niveau des tarifs sous contrôle, la part de marché des alternatifs - comme Engie, Direct Énergie, Enercoop (fournisseur en électricité verte) ou le Belge Lampiris (qui s’est fait connaître en France en lançant en 2013 une offre en partenariat avec l’UFC)-, était encore inférieure à 10 % (9,6 %). EDF reste donc de loin le principal opérateur. Et, parmi les nouveaux entrants, c’est l’ancien GDF Suez qui s’arroge une grande part !

     

    Ouverture plus aisée dans le gaz naturel

    Toujours selon la CRE, en gaz naturel, chez les particuliers, 3 748 000 sites sur un total de 10,6 millions étaient en offre de marché fin mars, dont 1 874 000 chez un fournisseur alternatif. Chez les professionnels, 474 000 sites sur un total de 668 000 étaient fin mars en offre de marché, dont 220 000 chez un fournisseur alternatif, soit 46 % des sites en offre de marché (résultat de la disparition progressive des TRV).

    Parce que Engie achète son gaz à l'international dans les mêmes conditions que les fournisseurs alternatifs, il ne dispose pas comme EDF de marge sur ses concurrents, permettant ainsi à de nouveaux entrants (comme … EDF, Eni, Direct Energie, Gazprom, ou Lampiris) de se positionner avec des offres compétitives. Ils ont pu ainsi capter 16,7 % des consommateurs particuliers. Au 31 mars 2015, Engie ne servait plus que 82 % des foyers hexagonaux et 70 % des abonnés professionnels. Toutefois, c’est EDF qui s’impose parmi les nouveaux entrants (autour de 800 000 clients) !

     

    Pas de salut sur les prix

    Il était attendu de la concurrence qu’elle se traduise par une baisse des tarifs. « La facture d'électricité s’est envolée de 33 % en moyenne depuis 2007 pour les clients aux tarifs réglementés équipés d'un chauffage électrique et de 35 % pour ceux qui utilisent un autre mode de chauffage », relève le médiateur de l’énergie. Pour le gaz, la hausse sur la même période atteint 36 % pour les clients aux tarifs réglementés.

     

    PME, du statut d’abonné à celui d’acheteur

    Complexité accrue, manque de temps pour comparer des offres incomparables, méconnaissance du marché de l’énergie, difficulté de négociation avec les fournisseurs… si les grandes entreprises sont rompues à l’achat d’énergie, des milliers de PME-PMI, habituées au confort des tarifs réglementés, se retrouvent démunies face aux nouvelles règles du jeu. Or, passer à une offre de marché, c’est glisser du statut d’abonné à celui d’acheteur et il s’agit alors de faire le tri entre les propositions spécifiques d’une quinzaine d’acteurs en France.

    Pour les CCI, sur lesquelles s’appuie la CRE pour sensibiliser les entreprises, « c’est le moment pour travailler avec son conseiller énergie », indiquait en mars dernier André Marcon, président de CCI France.

    « La fin des tarifs réglementés représente une opportunité pour les PME, explique le conseiller en charge de ces questions à la CCI Marseille Provence, à la fois pour analyser leur consommation et revoir leur contrat de fournitures en obtenant une offre mieux adaptée à leur consommation et un prix au plus juste, mais aussi pour améliorer leur performance énergétique. En somme, être plus sobre et plus frugal pour en faire un levier de compétitivité ».

     

    Impératifs d’une bonne transition : connaître ses consommation et ses besoins

    « La sélection des opérateurs doit tenir compte de critères techniques et qualitatifs et veiller, outre le prix, aux services associés », reprend le spécialiste rappelant que les CCI réalisent gratuitement un pré-diagnostic énergétique2, ce qui peut aider pour mieux « connaître son profil de consommation et analyser ses besoins, les deux critères clefs. »

    L’offre inclut-elle ou non l’acheminement ? Intègre-t-elle l’évolution des prix (fixes/modulables ; heures creuses/heures pleines) ? Quelle est la période d’engagement ? Les pénalités éventuelles en cas de résiliation anticipée ? Les modalités de facturation, de paiement et les frais annexes ? Quels sont les services proposés (interlocuteur dédié, approche globale multisites, efficacité énergétique : offres d'électricité « verte » ou de gaz naturel « compensées carbone ») ? Toutes ces questions devraient être abordées à l’occasion d'une Rencontre Énergie & Business le 10 septembre prochain au centre des congrès d’Aubagne (voir plus bas). Il y sera également question plus largement de transition énergétique, suite au vote de la loi par l’Assemblée nationale le 22 juillet qui va conduire les acteurs économiques à s’engager vers une réduction drastique de la consommation d’énergie.

    L’expérience montre que les entreprises qui ont fait le choix d’une offre de marché ont réalisé des économies de l’ordre de 15 à 20 %. « Elles peuvent être encore plus importantes en s’engageant dans une chasse aux consommations inutiles », défend l'expert de la CCI. La sobriété peut parfois s’avérer payante…

     

    1 La galaxie française de l’énergie compte aussi 170 entreprises locales de distribution, petits fournisseurs historiques avec un peu plus d’1,5 million de compteurs d’électricité et environ 440 000 de gaz en France métropolitaine hors Corse, encore en monopole de fait sur leurs territoires respectifs.

    2 Dans le cadre de ses actions en matière d’efficacité énergétique, la CCI propose des ateliers de sensibilisation et pre-́diagnostics. Elle devrait déployer prochainement des « visites énergie » qui consisteraient à établir un bilan des différentes sources d'énergie et de leur usages (bâtiment, process, véhicules...) en vue d’établir un plan d’actions dont le déploiement pourrait être accompagné par des consultants spécialistes.

     

     

    Rencontre Énergie & Business le 10 septembre

    La CCI Marseille Provence organise à Aubagne le 10 septembre, en partenariat avec quatre associations d’entreprises des zones d'activité de Napollon, des Paluds (Aubagne), d’Athelia (La Ciotat) et d'Apage (Géménos), la deuxième Rencontre Énergie & Business. Un rendez-vous conjuguant rencontres d’affaires, showroom de solutions et conférence. En novembre dernier, l’école des Mines de Gardanne avait accueilli une première édition sur la thématique du coût de l’énergie et de son impact sur la compétitivité des entreprises. Cette fois, l’actualité réglementaire, avec la fin des tarifs « historiques », donne le tempo. Emmanuel Rodriguez de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), l’autorité chargée de veiller au fonctionnement des marchés de l'électricité et du gaz en France, participera d'ailleurs à la table ronde « Énergie : optimisez vos contrats, réduisez vos consommations ». Deux ateliers seront en outre organisés, l'une sur la négociation des nouveaux contrats d’énergie et la seconde sur la maîtrise de la consommation d’énergie. Un espace de démonstrations proposera des solutions dans quatre domaines : fourniture d’énergie, le bâtiment, les mobilités et le financement.(cf.document joint).

     

    L’essentiel du marché de l’énergie

    -       Une multiplicité d’acteurs intervient dans le monde de l’énergie : une fois produits ou importés, le gaz et l’électricité sont transportés puis distribués avant d’être commercialisés.

    Les producteurs d’électricité détiennent les centrales de production, négocient et vendent leur production.

    Les réseaux de transport et de distribution acheminent l'énergie entre le lieu de production (centrale de production d'électricité ou gisement de gaz naturel) et le consommateur.

    Les réseaux de distribution répartissent l'énergie entre plusieurs communes et, au sein d'une commune, entre plusieurs habitations. Ces réseaux appartiennent aux collectivités locales.

    Pour l’électricité, RTE est le gestionnaire du réseau de transport sur l'ensemble du territoire et ERDF, celui de la distribution (sur 95 % du territoire, pour le reste il s'agit d'entreprises locales de distribution).

    Pour le Gaz, TIGF est le gestionnaire du réseau de transport dans le Sud-ouest de la France et GRTgaz sur le reste du territoire. GrDF gère la distribution sur 95 % du territoire (le solde est assuré par entreprises locales de distribution).

    Les fournisseurs d'énergie vendent au détail aux consommateurs l'électricité ou le gaz qu'ils ont achetés aux producteurs.

    - La fin des tarifs réglementés s’est opérée en plusieurs étapes. La dernière échéance est celle du 1er janvier 2016. Elle concernera tout consommateur d’électricité ayant souscrit un contrat pour une puissance supérieure à 36 kVA (contrats actuels jaune et vert) pour un site situé en France métropolitaine continentale et les consommateurs de gaz pour les sites dont la consommation est inférieure à 200 MWh par an (PME, restaurants, bureaux, commerces par exemple sont concernés)

    Plus d'informations :

    Sur la suppression des TRV en gaz : www.developpement-durable.gouv.fr/Professionnels-disparition-des.html

    Sur la suppression des TRV en électricité : www.developpement-durable.gouv.fr/Les-tarifs-reglementes-de-vente-de.html

    Sur l’ouverture à la concurrence du marché de l’énergie : www.cre.fr

    Site d'information des pouvoirs publics pour les consommateurs d'électricité et de gaz naturel (liste des fournisseurs, comparateur d’offres, litiges…) : www.energie-info.fr

     

    Quel bilan énergétique en France et en Provence-Alpes-Côte d'Azur ?

    Le Commissariat général au développement durable vient de sortir le bilan énergétique de la France pour l'année 2014. La facture énergétique s’établit à 54,6 Md€, soit un allégement de plus de 11 Md€ sur un an.

    Avec 150 Mtep, la consommation finale atteint son niveau le plus bas depuis 1996. La baisse est imputable au secteur résidentiel (- 1,2 % ; à 46 Mtep) ainsi qu’à l’industrie et au tertiaire (respectivement 29 et 22 Mtep). A contrario, elle augmente très légèrement dans les transports, premier secteur consommateur, à 49 Mtep.

    Avec 139 Mtep, la production nationale d’énergie primaire augmente à nouveau légèrement pour la seconde année consécutive et établit un nouveau record. Elle est liée à la hausse de plus de 3 Mtep des centrales nucléaires. Toutes les autres productions sont orientées à la baisse.

    Le bouquet énergétique primaire de la France se décompose donc avec 45,4 % d’électricité primaire, environ 30 % de pétrole et près de 14 % de gaz, le reste se répartissant entre renouvelables thermiques et déchets (7 %) et charbon (moins de 4 %).

    La consommation finale d’énergie de l’industrie diminue de 0,9 % en 2014, à 28,8 Mtep. L’électricité représente 35 % du mix, part quasi égale à celle du gaz (33 %) devant le charbon (18 %). Le pétrole est passé de 13 % en 2004 à 8 % en 2014 tandis que la part des énergies renouvelables est passée de 4,6 % en 2004 à 6,5 % en 2014.

    En Provence-Alpes-Côte d'Azur ?

    Selon l’observatoire régional de l’énergie, du climat et de l’air (ORECA), la consommation énergétique de la région (12 990 ktep, kilotonne équivalent de pétrole en 2013, soit 34 700 kteq de CO2 émis) représente 8 % du total national. 

    Le secteur industriel y est bien plus important que dans le reste de la France du fait de la présence sur son territoire de grandes infrastructures (Étang de Berre,...). Cette activité entraîne des transports particulièrement importants qui viennent accroître la consommation énergétique. La consommation industrielle s’établissait à 4 545 ktep en 2013 (dont 1 701 ktep en charbon, 1 148 ktep en électricité, 830 ktep en gaz, 449 ktep en produits pétroliers). Pour rappel, Arcelor-Mittal consomme annuellement près de deux millions de tonnes de charbon pour une production de 4,5 Mt d'acier.  

    Avec 1 713 ktep en 2013, la production énergétique primaire régionale représentait 1 % de l'Hexagone et lui assure une couverture énergétique équivalente à 10 % de sa consommation. La production régionale d'électricité est estimée à 19 109 GWh.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Nos dernières actualités