Handicap et sport : un exemple de courage pour l’entreprise

Prendre appui sur les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris pour renforcer l’inclusivité et l’accessibilité. C’est l’objectif que se sont fixées les entreprises membres du Club AMP24, réunies le 20 février pour une conférence-débat sur les enjeux du handicap, du sport, de l’innovation et de l’inclusion.

Lancé il y a deux ans par la CCIAMP, le club vise à faire de l’accueil des épreuves des JOP 2024 à Marseille un levier de développement et d’attractivité économique. Et pour cela, les sportifs ont besoin de l’appui des entreprises. « Nos sportifs olympiques, qui s’entraînent tous les jours pour atteindre l’excellence, sont souvent dans une précarité importante, rappelle Jean-Luc Chauvin, président de la CCIAMP. Plus de 50 % d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté, alors qu’ils nous aident des millions de fois en nous donnant de la fierté, en nous inspirant. Alors si, nous, les entreprises, pouvons les aider... ».

Dans ce but, le Comité régional olympique et la Région Sud ont créé le fonds Héritage sport, pour financer des actions de RSE au sein des entreprises, en soutien des sportifs. « Les sportifs paralympiques sont pour nous un exemple de détermination, de courage et de persévérance, rappelle Jean-Daniel Beurnier, président du Club AMP24. Ils ont une force intérieure, une volonté inébranlable, qui nous rappelle que rien n’est impossible. »

Humaniser la différence

Présents au débat, trois sportifs l’ont prouvé de la plus belle des manières. Né sans avant-bras gauche, Arnaud Assoumani a déjà remporté à 39 ans 5 médailles aux Jeux Paralympiques en saut en longueur. « Le handicap c’est une question de contexte. Sur une piste de saut en longueur, c’est vous qui êtes handicapé face à moi, souligne-t-il. L’enjeu c’est d’humaniser la différence, quelle qu’elle soit. Et le sport est un formidable outil pour ça. Il faut sortir de cet entre-deux où les personnes porteuses d’un handicap ne sont pas complètement exclues, mais pas complètement incluses non plus. » Le conseil d’Arnaud Assoumani ? « Prenez vos places pour les jeux paralympiques ! Déjà c’est beaucoup moins cher, et surtout vous allez prendre une super claque positive ! ». 

Souffrant de dystonie, une maladie qui entraîne une contraction prolongée et involontaire des muscles, Luc Montigaud s’est pour sa part lancé depuis quatre ans dans une série de défis : faire un triathlon après seulement quatre mois de préparation, réaliser le challenge de 3 500 marches au Stade Vélodrome, boucler un tour de France en duathlon… « J’ai découvert le sport à l’âge de 3 ans, avec le judo, pour pallier mon manque de motricité. Quand j’ai terminé mon tour de France, il y avait une énorme mobilisation autour de moi, j’ai même été reçu à l’Assemblée nationale ! Ce que je veux montrer c’est que tout est possible, quel que soit le handicap, quelle que soit la maladie. Dans une entreprise c’est pareil : avoir une personne porteuse d’un handicap dans l’équipe, ça peut être une très belle force. »

Genou mécanique

Pour atteindre leurs objectifs, les athlètes ont presque toujours besoin d’innover. Amputé d’une jambe en 2011 après une attaque de requin à la Réunion, le surfeur Eric Dargent s’est tout de suite lancé dans la mise au point d’une prothèse. « Alors que j’étais pris en charge par les secours sur la plage, je demandais qu’on récupère ma planche, je pensais déjà à comment retourner dans l’eau ! », se souvient-il. La rencontre avec un prothésiste marseillais va être décisive : « Il m’a dit « Je ne sais pas si c’est possible, mais je ferai tout pour t’aider. » Dans la plupart des projets, ce qui fait basculer, ce n’est pas le financier, c’est l’humain. »

Avec l’aide d’une école d’usinage mécanique, Eric Dargent teste pendant trois ans et demi différents genoux mécaniques, avant d’arriver à un modèle à amortisseur réglable, adaptable selon les sports et les morphologies. Cette prothèse a été vendue depuis à près de 200 exemplaires partout dans le monde. Eric Dargent a lui été sacré champion du monde de handi surf en équipe, et vice-champion du monde en individuel. « Mais nous, avec la passion du sport, on est que la partie émergée de l’iceberg. La grande partie des personnes porteuses de handicap n’ont pas accès à ces innovations, qui coûtent très cher et sont peu pris en charge par la Sécurité sociale ou les mutuelles. »

Contrôler par la pensée

« Beaucoup d’innovations d’abord destinées aux personnes en situation de handicap sont ensuite devenues des succès commerciaux auprès du grand public. C'est le cas de la télécommande des assistants vocaux », rappelle Olivier Oullier, rentré des Etats-Unis où il dirigeait le n°1 mondial de l'intelligence artificielle appliquée aux neurotechnologies pour cofonder Inclusive Brains à Marseille avec Paul Barbaste. Cette pépite technologique du territoire spécialisée dans les interfaces cerveau-machine a développé ses propres modèles d'intelligence artificielle générative qui permettent aux personnes en situation de handicap de contrôler leurs ordinateurs, téléphones et véhicules uniquement par la pensée : sans parler, ni toucher, ni bouger. Une innovation essentielle pour celles et ceux que des accidents de la vie ou des pathologies ont privé de l’usage de leurs membres et donc exclus du monde du travail et de l’éducation. L’IA générative d’Inclusive Brains bénéficie également au grand public en en détectant en temps réel et en anticipant les niveaux de stress, de fatigue et de distraction afin d’améliorer le bien-être et la performance au travail tout en évitant des accidents.

Au cours de la soirée, Olivier Oullier a évoqué en exclusivité certains des détails d’un projet inclusif combinant intelligence artificielle, robotique et neurosciences pour les Jeux Olympiques et Paralympiques qui sera rendu public le mois prochain. Nous savons dores et déjà que ce projet intitulé “Prometheus”  impliquera son ami tétraplégique Rodrigo Hübner Mendes connu mondialement pour être la première personne à avoir conduit une Formule 1 uniquement par la pensée, et défié Lewis Hamilton avec la complicité d’Olivier.

D’ici les Jeux, un défi du quotidien continue de se lever devant les personnes handicapées : l’accessibilité des lieux et établissements recevant du public (ERP). « Les JOP sont l’occasion d’accélérer sur cet enjeu, souligne Virginie Averous, sous-préfète des Bouches-du-Rhône, référente handicap et inclusion. L’État a mis en place un fonds territorial d’accessibilité qui permet de subventionner jusqu’à 50 % du coût des travaux. Il faut qu’il soit utilisé le plus possible ! »

Le compte à rebours est lancé : les Jeux Olympiques s’ouvriront le 26 juillet, et les Jeux Paralympiques le 28 août, avec une grande cérémonie place de la Concorde. 

A propos du Club Entreprises AMP24 : 
Impulsée par la CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence et lancé en novembre 2022 en partenariat avec la Banque Populaire Méditerranée, la Caisse d’Epargne CEPAC, EDF, le Comité Régional Olympique et Sportif Provence-Alpes Côte d’Azur, le Fonds Héritage Sport et Orange, le club AMP24 a pour ambition de fédérer le monde économique local et les entreprises de notre territoire en favorisant une dynamique collective autour des Jeux Olympiques 2024. 

Le Club est ouvert gratuitement à toutes les entreprises du territoire.
Pour adhérer, rendez-vous sur : https://www.cciamp.com/club-amp-24